Joanna DUPOUY

 

6 décembre 2023

 

Joanna DUPOUY a présenté et soutenu publiquement sa thèse intitulée “L’apprenance : un facteur de résilience. Le cas de femmes ayant été victimes de violences.”, en vue de l’obtention du doctorat de Sciences de l’éducation et de la formation de l’Université Paris Nanterre, Equipe APFORD du laboratoire de recherche CREF, sous la direction de Monsieur Philippe Carré, Professeur émérite des universités en sciences de l’éducation et de la formation, Cref-ApForD, Université Paris-Nanterre.

Sa recherche met en lumière la résilience exceptionnelle des femmes qui ont survécu à des expériences de violences, notamment de nature sexuelle et conjugale, et explore comment l’apprenance ou les dispositions favorables à l’apprentissage tout au long de la vie, peut jouer un rôle clé dans leur processus de résilience.

 

 

Les membres du jury :

 

Voici le résumé de sa thèse :

On peut observer que certaines femmes ayant été victimes de violences les plus graves et qui s’inscrivent dans un parcours de résilience manifestent une attitude positive, voire passionnée, vis-à-vis de l’apprentissage de connaissances et capacités nouvelles. Cette observation renvoie au concept d’apprenance proposé en sciences de l’éducation (Carré, 2005).

Cette attitude d’apprenance, s’exprimant par différentes pratiques essentiellement autodidactes, orientées vers la compréhension de l’événement traumatique, pourrait-elle favoriser la résilience ? Ces pratiques apprenantes sont-elles uniquement le fruit de dispositions apprenantes antérieures au traumatisme ou pourraient-elles émerger à la suite de ce dernier ? Quelles sont les dispositions à apprendre, les comportements apprenants et les ressources de l’environnement favorables à la résilience ?

Cette recherche tend à répondre à ces questions dans une démarche qualitative et compréhensive par entretiens à orientation biographique.

L’objectif de cette recherche est d’une part de comprendre le lien entre l’apprenance comme ressource et la résilience comme parcours et d’autre part de proposer des pistes complémentaires dans l’accompagnement des anciennes victimes de violences.

Pour cela, deux enquêtes ont été menées : la première auprès de femmes ayant été victimes de violences dans l’enfance et participant à un programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat et la seconde auprès de femmes ayant été victimes de violences conjugales et ayant été reconnues comme résilientes par les éducateur.rice.s spécialisé.e.s des associations les accompagnant.

Nous avons découvert chez ces femmes de riches pratiques apprenantes, usant d’outils et de ressources variés, afin de comprendre le traumatisme, lui donner un sens et trouver les mots pour l’exprimer et l’analyser. A l’occasion de cette quête de sens, ces femmes ont vécu de nombreuses périodes d’apprentissage et acquis des capacités nouvelles. Notre recherche s’interroge quant au rôle de l’apprenance – cette attitude favorable à l’apprentissage – dans leur parcours de résilience.

 


 

 

Florence MONCORPS

 

18 décembre 2023

 

Florence MONCORPS a présenté et soutenu publiquement sa thèse intitulée “Pratiques réflexives des personnes vivant avec une maladie chronique : étude compréhensive mobilisant une méthodologie mixte.”, en vue de l’obtention du doctorat de Sciences de l’éducation et de la formation de l’Université Paris Nanterre, Equipe APFORD du laboratoire de recherche CREF, sous la direction de Monsieur Olivier Las Vergnas (Professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation, Cref-ApForD, Université Paris-Nanterre) et de Madame Jouet Emmanuelle (Chercheuse en sciences de l’éducation et de la formation et directrice du laboratoire de recherche en sciences humaines et sociales et santé mentale, Groupement hospitalier universitaire (GHU) Paris).

 

 

Les membres du jury présents :

Voici le résumé de sa thèse :

Cette thèse s’intéresse aux circonstances et processus d’élaboration des savoirs expérientiels des personnes vivant avec une maladie chronique. Elle concerne spécifiquement des situations informelles d’élaboration de ces savoirs, plus pertinentes en termes d’analyse du pouvoir d’agir des personnes concernées.

Cette contribution cherche à identifier les pratiques réflexives de ces personnes et à comprendre comment leur environnement et leurs dispositions individuelles les influencent. Pour cela, les cadres théoriques de l’agentivité (Bandura, 1986) et de la réflexivité (Dewey, 1910, 1938 ; Schön, 1983 ; Kolb, 1974) sont croisés. Ce croisement conduit à l’élaboration d’un modèle embryonnaire des pratiques réflexives. Le modèle de la réciprocité causale triadique (Bandura, 1986) est utilisé pour identifier les variables environnementales et dispositionnelles à étudier.

Pour éprouver ce modèle embryonnaire, la première investigation empirique consiste en sept entretiens non directifs, auprès de personnes vivant avec différentes maladies chroniques. La deuxième s’appuie sur un questionnaire, co produit en partie avec des personnes concernées et associées par ailleurs plus largement à la thèse, via des Focus Group. Il est diffusé en ligne auprès de personnes concernées.

À partir des 1404 réponses complètes collectées, des analyses en composantes principales permettent de décrire les relations entre les pratiques réflexives des répondants, leurs buts et supports d’information. Elles sont complétées par des ellipses de confiance et tests de Man Whitney Wilcoxon.

Les répondants sont principalement des femmes, de plus de 35 ans, avec un niveau d’éducation supérieur au baccalauréat. La plupart sont atteints d’une encéphalomyélite myalgique et/ou d’un syndrome de fatigue chronique pouvant entraîner une incapacité à travailler. Ils souffrent de leur maladie depuis longtemps et se sentent peu reconnus socialement. Ils adoptent plutôt une attitude d’apprenance face aux savoirs médicaux. Ils vivent avec des maladies non reconnues par le système de santé, ayant une faible prévalence et un faible niveau de technicisation.

Après analyse, deux systèmes de processus réflexifs cohabitent pour résoudre les écarts par rapport à l’auto-normativité (Andrieu, 2012 ; Barrier, 2008 ; Baeza, 2020) des personnes vivant avec une maladie chronique. Nos méthodes de recueil ont principalement permis de mettre à jour et de décrire des processus analytiques longs (Dewey, 1910, 1938 ; Schön, 1983 ; Kolb, 1974).

Au-delà des pratiques imaginées dans le modèle embryonnaire, l’analyse montre la mobilisation d’une pratique individuelle de défense réflexive. Concernant les processus cognitifs, les personnes construisent un environnement personnel de recherche ou réflexivité à partir de leurs perceptions et/ou ressentis, de supports d’informations (associations de malades, blogs), de professionnels en lien avec la santé et de profanes (proches, famille ou collègues). Leur environnement et dispositions influencent leurs pratiques de façons différentes au regard des modalités de variables explorées. Enfin, six motifs d’engagement en réflexivité, en référence aux motifs d’engagement en formation de Carré (1998), sont identifiés : épistémique, socio-affectif, économique, opératoire personnel, identitaire et vocationnel. Trois buts distincts sont repérés quant à la mobilisation de pratiques chez les personnes interrogées : maintenir son insertion sociale, gérer la maladie et maintenir les relations avec ses proches.

La discussion porte sur la proximité entre pratiques réflexives des personnes vivant avec une maladie chronique et raisonnement clinique tel qu’il est enseigné aux professionnels de santé. Ceci incite à plus de coopération réflexive entre professionnels de santé et personnes concernées pour répondre aux problèmes quotidiens en lien avec la maladie chronique.

 

La soutenance de thèse de Joanna Dupouy en photos :

 

La soutenance de thèse de Florence Moncorps en photos :

L’équipe Apprenance, Formation, Digital, les félicite chaleureusement et leur souhaite un plein succès !