Le 5 décembre dernier, Géraldine Hostein a présenté et soutenu publiquement sa thèse intitulée : La place du patient dans la professionnalisation des infirmiers en psychiatrie et santé mentale, en vue de l’obtention du doctorat de Sciences de l’éducation et de la formation de l’Université Paris Nanterre, Equipe APFORD du laboratoire de recherche CREF, sous la direction de M. Olivier Las Vergnas.

Les membres du jury présents :

Voici le résumé de sa thèse :

 

Dans un contexte de déprofessionnalisation et de reprofessionnalisation fragile de l’infirmier en psychiatrie et d’émergence d’un usager en santé mentale acteur de son rétablissement, nous nous sommes demandé quels étaient les apprentissages perçus par les infirmiers en psychiatrie auprès des patients, dans le quotidien de la relation de soin.

Nous avons ainsi mené, dans le cadre d’une étude qualitative, vingt-trois entretiens semi-directifs auprès d’infirmiers en psychiatrie diplômés entre 1980 et 2016, exerçant en intra et en extrahospitalier, au sein d’un établissement de santé spécialisé en psychiatrie.

L’analyse de ces entretiens a commencé par la mise en lumière de deux types d’apprentissages transformateurs, défensifs et communicationnels/expansifs, à l’aide d’une analyse thématique. Elle s’est poursuivie par la mise en évidence de facteurs susceptibles d’expliquer la nature de ces apprentissages, à l’aide de différents types d’analyses dont une analyse conceptuelle comparative, une analyse par théorisation ancrée et une analyse lexicométrique. Les facteurs explicatifs possibles identifiés à l’issue de ce travail sont : l’apprenance auprès d’autrui, des genres professionnels biomédical, psychologique et social, des vécus professionnels plus ou moins agréables, des comportements de reliance au patient ou à l’inverse de déliance de ce dernier et certains facteurs sociodémographiques (la durée de l’expérience en psychiatrie, la période d’obtention du diplôme et le lieu d’exercice, intra ou extrahospitalier).

La mise en relation de ces facteurs avec les apprentissages dans le méta-cadre théorique de Carré (2020) a conduit à l’émergence de deux régimes hypothétiques d’apprentissages des infirmiers en psychiatrie auprès des patients : un régime d’apprentissages transformateurs communicationnels et expansifs et un régime d’apprentissages transformateurs défensifs. Dans une recherche de confirmation de la validité de nos hypothèses, nous nous sommes engagés dans une enquête quantitative. 254 infirmiers issus de 53 établissements de santé spécialisés et généralistes répartis dans 12 régions de France, ont répondu à notre questionnaire. Une analyse en composantes principales (ACP) nous a permis de confirmer et d’infirmer certaines corrélations envisagées, mais aussi de produire de nouveaux résultats, dans le sillage de Glaser and Strauss (2017), à savoir, de nouvelles relations au sein des régimes d’apprentissage et des profils d’infirmiers en psychiatrie.

La mise en relation de ces profils avec les stades de développement des infirmiers de Benner (Benner et al., 2009) a montré leur inscription dans une trajectoire de transformations de la déliance du patient à la reliance avec ce dernier. Leur rapprochement avec les caractéristiques de l’intra et de l’extrahospitalier puis des données sociodémographiques a montré un « modelage » des profils par ces lieux d’exercice, s’inscrivant dans un parcours de professionnalisation tacite, de l’intra vers l’extrahospitalier. Cette étude pointe enfin, la vulnérabilité de certains profils d’infirmiers en lien avec des phases de construction identitaire, des vécus professionnels difficiles, une faible formation en psychiatrie, le parcours de professionnalisation tacite suscité et de possibles pratiques institutionnelles de récompense de l’ancienneté.

 

La présentation de sa thèse en photos :







L’équipe Apprenance, Formation, Digital, la félicite chaleureusement et lui souhaite un plein succès !