Bonjour à vous !
Oui, oui, dans le Monde, tant qu’à faire…
Mais avant tout, on s’excuse… Si nous sommes peu présents par ici ces derniers temps, s’il-vous-plait, ne pensez pas qu’on vous oublie, bien au contraire : on vous prépare un nouveau site tout beau, tout neuf pour bientôt… On a notamment l’appui de notre doctorant Raphaël Grasset (merci Raphaël !). Wordpress, ça le connait. En témoignent ses nombreux sites qu’on vous invite à découvrir.
Bref, comme certains l’ont déjà découvert (peut-être via notre page LinkedIn ?) des membres de notre équipe ont écrit collectivement un texte dans la tribune du Monde du 15.11.2017. Vous l’avez raté ? Pas de panique ! Cet article étant en audience limitée sur leur site, on partage ici la version intégrale publiée avec vous au cas où vous n’auriez pas acheté le quotidien ce jour-là.
Bonne lecture et n’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez !
A bientôt, sur ce site ! (Ou pas…)
Marie-Edith
Excellent merci de rappeler ça. Pourquoi écoute t-on aveuglément nos docteurs-medecins et si peu nos docteurs en sciences de l’éducation?
La question est vaste mais parmi les réponses nous pourrions dire pour commencer que comme beaucoup de disciplines des Sciences humaines, les Sciences de l’éducation ont longtemps (jusque dans les années 80) abordé des thématiques touchant la singularité du sujet dans son rapport à l’apprendre. Cette singularité met en évidence le côté irrationnel, imprévisible de l’individu, et donc pas toujours aisé à mesurer. La mesure est le mot “magique” surtout depuis les années 2000 dans les acquisitions, et sur lequel s’accroche le monde universitaire pour bien montrer qu’il n’effectue pas des transmissions de savoirs , en vain, non exploitables. L’apprenant étudiant doit être à l’issue de sa formation universitaire opérationnel dans l’entreprise, être rentable. I Tout est devenu comptable et chiffré. L’on pourrait dire aussi que progressivement les sciences humaines se sont fait envahir pas les sciences dites exactes et l’on assiste notamment dans la thématique dite cognitive, à un contrôle des raisonnements du sujet dans son apprentissage. On quantifie et localise ses parties du cerveau qui choisissent, décident , pensent, imaginent, créent, aiment, détestent. La chose est présentée comme un progrès, m^me si l’on “compte” de plus en plus d’échecs scolaires et de souffrance au travail.
Il existe aussi un “complexe” des sciences dites molles englobant les sciences de l’éducation à l’égard des sciences dites exactes, notamment sur la question des résultats. Aussi l’on assiste à l’évolution des méthodes dans la recherche appliquée en sciences de l’éducation, faisant appel de plus en plus aux statistiques, aux numériques pour répondre à des questions relevant du sensible , de l’émotionnel, de l’irrationnel. Dans ces résultats le chercheur pense qu’il fait le travail, pourtant les acteurs de terrain enseignants et apprenants (élèves étudiants, apprentis) montrent dans leurs tentatives d’appropriation des ces résultats (méthode d’apprentissage par exemple, conduites dans l’apprentissage) leurs frustrations, leurs besoins qui ne sont pas pris en compte.
Enfin et pour répondre de façon directe à la question de départ. Si le médecin était écouté (le malade imaginaire en est une caricature, le docteur Knock une autre), l’écoute dévolue aux médecins s’est largement amoindrie depuis l’avénement du net, des réseaux sociaux.Le patient peut s’informer sur sa pathologie, sur ce qui se pratique à l’échelle mondiale, sur les traitements . Ainsi lors de la consultation il est constaté que celui-ci questionne de plus en plus le médecin, le remet en question sur le diagnostic, leur intervention. Devant ces conduites , les médecins font de plus en plus signer aux patients des décharges; cela pour éviter des procès. Il y aussi une distinction entre le rapport à l’apprendre et le rapport au corps. Le second touche directement la vie du sujet et donc et pour quelque temps, la société appréhendera de façon plus formelle les sciences médicales que les sciences de l’éducation. en état des choses , l’on peut toujours s’auto former, apprendre par soi-même, mais pour se soigner notamment dans les maladies chroniques et graves (mortelles) le sujet a encore besoin d’un acteur dit spécialiste.
Christine Raujol
Professeur
Docteur en Sciences de l’éducation
Clinicienne