Comme chaque année, le séminaire doctoral de l’équipe « Apprenance, Formation, Digital » s’est déroulé le premier week-end de travail universitaire de 2024 à savoir les vendredi 12 et samedi 13 janvier, au bâtiment de la formation continue (BFC) du Campus Paris-Nanterre.
Il était ouvert à l’ensemble de l’équipe y compris les membres associés à ses recherches ou enseignements, aux étudiants du Master 2 IPFA présentiel et à distance, ainsi qu’aux étudiants intéressés par les recherches en formation des adultes, en particulier dans le cadre de l’UE « Diversité des sciences de l’éducation et de la formation » du Master SEF. Etaient associés également les doctorants de l’équipe CIREL-Trigone de l’Université de Lille.
Ce séminaire a été l’occasion de faire le point sur les avancées des travaux de chaque doctorant.e, mais aussi des groupes-séminaires et ateliers qui fonctionnent régulièrement au sein de l’équipe et qui sont respectivement consacrés aux thèmes des « rencontres apprenantes », de l’intelligence artificielle générative, de la « réflexivité liée à des troubles de santé ».
Chaque doctorant.e a pu disposer d’un créneau de 15 minutes pour présenter l’avancée de son travail ou en développer un aspect particulier de son choix. Chaque présentation a été suivie de 25 minutes d’échanges.
Voici le résumé des présentations des doctorant.e.s :
Magalie LEGER
Equipe Cref-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Philippe CARRE
Entertainment Education et séries françaises : un apprentissage informel au service d’un changement social éthique
Cette thèse s’intéresse à l’utilisation de l’entertainment education (EE) dans la création de séries françaises populaires. Dans les années 1970, Miguel Sabido, un auteur de télévision et producteur mexicain, a découvert que la puissance de la narration peut transmettre des messages éducatifs à une large population, en particulier les spectateurs des telenovelas. Il a développé une stratégie de communication appelée entertainment-education (EE), une méthodologie qui à travers le pouvoir du récit utilise le divertissement pour aborder des questions sociales et créer des conditions favorables à un changement social et comportemental souhaitable. L’EE a été utilisée depuis dans de nombreux pays pour traiter un large éventail de sujets, tels que la santé, l’éducation, la nutrition, la lutte contre la pauvreté ou les droits des femmes. Elle est reconnue pour son efficacité dans la promotion des changements sociaux positifs.
En France, l’EE est encore peu utilisée dans la création de séries populaires. Il est possible que cette stratégie soit inconnue ou utilisée de manière cachée, par exemple en intégrant des messages éducatifs dans des séries sans les revendiquer explicitement. La recherche exploratoire aura pour objectif de rencontrer des acteurs de la fiction télévisuelle française afin d’affiner ce questionnement : En quoi l’utilisation de l’EE dans la création de séries françaises pourrait favoriser l’apprentissage informel et le changement social. En me basant sur la théorie socio-cognitive d’Albert Bandura et sous l’angle des apprentissages professionnels informels, je vais examiner l’évolution de la méthodologie de l’EE, ainsi que les enjeux auxquels ce champ de recherche est confronté aujourd’hui. Identifier les obstacles et les dilemmes éthiques liés à cette stratégie, permettra de proposer des recommandations pour son développement en France.
Caroline O’NEILL
Equipe Cref-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Philippe CARRE
Autonomie et Responsabilité dans l’enseignement supérieur : Intentions Pédagogiques et Perceptions Apprenantes. Le cas des dispositifs hybrides en faculté de gestion et écoles de commerce françaises
La présentation portera sur un article intitulé : Étude de l’utilisation de la gamification par les enseignants de l’enseignement supérieur à travers le modèle en oignon de Korthagen. La motivation des étudiant·es est une préoccupation majeure de la Faculté dans l’enseignement supérieur. La ludification de l’apprentissage semble être une stratégie pédagogique favorisant l’engagement des étudiant·es. Dans ce contexte, de nombreuses études se sont concentrées sur la perspective des apprenant·es pour enquêter sur les avantages de la ludopédagogie et les techniques distinctives permettant une ludification efficace. Cependant, peu ont examiné les aspects qui poussent les enseignant·es à mobiliser ces techniques pédagogiques. Afin d’identifier ces facteurs, une étude qualitative a été menée, impliquant 15 entretiens avec des enseignant·es de l’enseignement supérieur en utilisant le cadre du modèle en oignon de Korthagen. Les résultats suggèrent que l’environnement institutionnel et les caractéristiques internes des enseignant·es sont des déterminants de l’utilisation de la ludopédagogie.
Romain ANDRIEUX
Equipe Cref-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Christophe JEUNESSE
Engagez-vous ! L’engagement en contexte d’injonctions discrétionnaires multiples
En suivant une approche longitudinale et éco-anthropologique, notre recherche vise à identifier l’intelligibilité des dynamiques de couplage entre un sujet-apprenant et son écosystème dans leurs transformations respectives au travers de la complexité de leurs interrelations, de leurs influences mutuelles et des ajustements dans un contexte d’injonctions discrétionnaires. Plus précisément, nous souhaitons suivre une approche écologique des affordances de l’écosystème de formation et la coupler à l’analyse par les formes de capabilités. Notre objectif est ainsi de caractériser le rapport aux possibles en contexte d’injonctions discrétionnaires en portant la focale sur le rapport aux artefacts pour en identifier la zone de potentialité effective propre à chaque individu.
Pour répondre à la question : « Pourquoi, dans un contexte d’injonctions multiples, certains individus perçoivent et saisissent les opportunités que leur offrent l’écosystème de formation alors que d’autres ne les perçoivent pas où ne s’en saisissent pas ? » il s’agira de caractériser la perception du possible puis de sa transformation en possibilités en contexte injonctif tout en les mettant en perspective de l’évolution de l’engagement du sujet apprenant et du sens qu’il lui attribut. Nous voulons déterminer comment l’engagement du sujet apprenant et le rapport au possible s’influencent dans un contexte d’injonctions multiples (politiques ; sociétales ; familiales ; issues du marché de l’emploi, de l’écosystème de formation…) le tout exacerbé par le diktat d’un présent immédiat et hyperconnecté.
A travers nos travaux situés dans un écosystème d’insertion socioprofessionnelle interministériel dont l’encadrement est assuré par le ministère des armées : Le Régiment du Service Militaire Adapté de La Réunion, nous recherchons à identifier si l’engagement (motifs d’entrée en formation et implication) prédispose à la perception des affordances et par conséquent à certaines formes de capabilités qui elles-mêmes sous-tendent à leurs tours l’engagement du sujet-apprenant.
Thierry LARROUY
Equipe Cref-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Christophe JEUNESSE
La transgression de la catégorisation scientifique scolaire par la pratique professionnelle des enseignants du premier degré.
Si chez les enseignants du second degré la catégorisation scientifique scolaire est radicalisée de manière systémique, à l’école primaire la polyvalence exigée des enseignants oblige ceux-ci à traiter toutes les matières des programmes. Or une partie d’entre eux, non issus de filières scientifiques, ou symboliquement exclus de celle-ci, est marquée par la CSS.
Comment alors enseigner les mathématiques et les sciences quand on est soi- même considéré comme non scientifique. D’ailleurs faut-il se sentir scientifique pour enseigner les sciences ?
Existe-t-il un lien entre les résultats faibles en mathématiques le phénomène de catégorisation scientifique scolaire appliqué aux enseignants du premier degré ?
Les enjeux sont multiples :
– Comprendre et étudier l’image qu’une personne peut avoir d’une matière et son enseignement
– Redéfinir le rapport au savoir et à la culture scientifique des enseignants du premier degré. Un enseignant peut il transgresser la CSS pour se réapproprier la culture scientifique
– A plus grande échelle un enjeu est de proposer une amélioration du maillage dans le système français, afin de gagner en efficacité dans l’enseignement des mathématiques.
Morgana DURAK
Equipe Cref-ApForD
Direction : Philippe CARRE
Évènement de vie et engagement des seniors actifs en formation
Les seniors actifs ont tous un vécu et un parcours de vie singulier. Des événements identiques (divorce, rencontre…) peuvent être vécus différemment selon les individus. Certains les perçoivent positivement, d’autres négativement. Dans les 2 cas, ils peuvent devenir vecteur de changement et signer un avant et un après, un besoin de s’engager dans un nouveau projet. Il s’agit de démontrer le lien entre un évènement de vie et l’engagement des seniors actifs en formation.
Yakouba AGBAN
Equipe CREF-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS
Incidence de la formation initiale sur l’apprenance scientifique des adultes : Cas des acteurs de la commande publique au Togo
L’organisation du système d’enseignement scolaire est caractérisée par la création des filières et la mise en place de dispositif de sélection des élèves. Les mathématiques, utilisées comme outil de tri, permettent d’orienter les élèves vers les filières scientifiques, déclarant ainsi certains élèves aptes et d’autres inaptes pour lesdites filières. Plus tard, on observe chez l’adulte scolairement non scientifique des difficultés à s’intéresser à la science et à la technologie. La présente recherche vise à analyser les facteurs associés à l’expérience antérieure du vécu scolaire liés à la catégorisation scolaire, née du fonctionnement des filières scientifiques, qui expliqueraient cette aversion pour les sciences. En outre, une seconde analyse permettra de déterminer les mécanismes motivationnels qui favoriseraient chez les adultes le développement des conduites en transgression de la catégorisation scientifique scolaire.
Alexandre BORWIN
Equipe Cref-ApForD
Direction : Philippe CARRE
Apprenance et professionnalisation : Le cas d’une profession orpheline, l’ostéopathie
La profession d’ostéopathe connait un essor considérable depuis sa reconnaissance officielle en 2002. C’est actuellement un praticien évoluant dans le champ de la santé sans pourtant être une profession médicale à part entière.
La posture de première intention et l’intérêt croissant de la population française pour cette médecine non conventionnelle fait de la formation continue des ostéopathes un élément majeur du maintien et du développement de leur niveau de compétences tout au long de leur carrière. La particularité est que le praticien n’a pas de prescription de formation, une obligation est bien décrite par le législateur cependant aucun contrôle n’est exercé tant sur la périodicité de la formation que sur les contenus proposés. Notre travail de recherche interroge la manière dont les ostéopathes apprennent au quotidien et se forment tout au long de leur exercice libéral. L’indépendance de l’apprenant professionnel pourrait favoriser les apprentissages professionnels informels et en faire le socle du maintien et du développement des compétences.
La question de recherche générale est comment un adulte fait-il pour se former dans son exercice professionnel alors qu’il n’y est pas obligé ? La méthodologie qui est proposé pour comprendre les mécanismes d’apprentissages des praticiens repose sur une première enquête de type exploratoire avec un journal de bord des apprentissages sur six semaines, couplé à un entretien final non directif.
Cette première enquête qualitative nous permettra de lever des hypothèses qui seront ensuite testées à l’aide d’une enquête quantitative par questionnaire.
Ingrid LEY-VOGEL
Equipe Cref-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Florence BOURGOIN-TARDIF
En quoi une pratique artistique peut-elle influencer la trajectoire professionnelle ?
La présentation qui vous sera faite comprendra l’exploration de la littérature existante sur les thèmes gravitant autour de ma question de recherche qui est la suivante :
les pratiques artistiques ont-elles une influence sur la perception du sens donné au travail et peuvent-elles amener à des reconversions dans un contexte ou la question du chômage et celle de la qualité de vie au travail sont au coeur des préoccupations ? de plus, en fonction de leur intensité et des années de pratiques changent-elles les dispositions des individus vis-à-vis de leur rapport au savoir et sont-elles corrélées aux transitions professionnelles sans pour autant devenir artiste ?
Cette étude porte sur l’analyse compréhensive du phénomène de transformation lié aux pratiques artistiques qui grâce à des opportunités (espace-temps) peuvent impacter la vie professionnelle. L’enquête comprend trois étapes successives qui sont un questionnaire qui vous sera présenté lors de ce séminaire ainsi que les premiers entretiens non directifs qui ont été réalisés à ce jour. La troisième étape qui consiste à mener des entretiens d’explicitation ne sera effective que l’année prochaine. Cette recherche n’est pas uniquement un recueil de trajectoires et des faits des pratiques artistiques mais elle permet de circonscrire un phénomène solide qui découle de l’engagement dans une pratique valorisante transformatrice à travers un corpus représentatif d’individus dont la corrélation entre transition professionnelle et activité artistique est forte et évidente, sans occulter totalement les autres causes telles que la santé, la situation financière, la famille, etc. L’enjeu de cette étude est d’aller au-delà de la reconversion choisie mais de trouver des témoignages qui convergent vers la pratique artistique qui amène à une reconversion. Un phénomène solide qui est le changement d’apprenance par un développement du sentiment d’efficacité personnelle découlant de la reconnaissance du travail de création et l’écoute de soi.
Vincent CAPUTO
Equipe Cref-ApForD
Direction : Philippe CARRE
Antoine Léon : éclairages sur les établissements publics techniques de second degré ou l’enjeu- toujours actuel ?- d’une éducation permanente ?
La thèse se propose de restituer une vision singulière, celle d’Antoine Léon, chercheur et universitaire (1921-1998), un des fondateurs des Sciences de l’Education. Singularité d’un parcours personnel, simple instituteur à Alger, devenu, après deux thèses effectuées à Paris, professeur d’université à Paris V. Singularité de ses positionnements, que ce soit dans le domaine de l’orientation professionnelle, de la formation des adultes ou de l’enseignement technique public. Antoine Léon posera notamment les fondements de la psychopédagogie d’adultes dont le modèle théorique s’inscrit dans une approche pluridisciplinaire pour une « psychopédagogie ouverte ».
Le parti pris de la thèse est de s’intéresser plus particulièrement à ses travaux sur l’enseignement technique public -objet de sa deuxième thèse- qui l’ont conduit à étudier le fonctionnement des nouveaux établissements (les collèges et lycées d’enseignement technique) au sein de l’éducation nationale. Pour Léon, le développement de filières professionnelles de second degré au sein de l’éducation nationale revêt un double enjeu :
– un enjeu pédagogique (capacité d’adaptation du système éducatif à ces nouveaux publics),
– un enjeu démocratique et d’éducation permanente (comment articuler enseignement général et enseignement professionnel en vue d’une éducation
intégrale des individus).
Dans ses différents travaux, Léon propose de nombreuses pistes de travail, tant en termes de contenus que de méthodes pédagogiques pour permettre une pleine intégration sociale et professionnelles de ces jeunes. Alors que ces derniers sont le plus souvent en échec scolaire et orientés par défaut dans ces filières professionnelles. « Ainsi, nous dit Léon, est-ce dans la mesure où l’enseignement technique assurera d’une part une solide formation scientifique et professionnelle à base expérimentale, et d’autre part une véritable initiation aux problèmes concrets et aux contradictions de notre temps qu’il pourra contribuer aux succès des apprentissages et perfectionnements ultérieurs ».
Ce questionnement de Léon autour de l’enjeu de l’éducation permanente est-il devenu obsolète, cinquante ans après sa première formulation ? La dernière partie de la thèse sera consacrée à l’analyse des thèses produites ces trente dernières années sur l’enseignement technique pour en dégager les principaux sujets de débats actuels. Et esquisser un début de réponse sur l’enjeu – toujours actuel ? – d’une éducation permanente proposée par Léon.
Samantha GOUWY
Equipe Cirel-Trigone,
Direction : Olivier LAS-VERGNAS
Perceptions soignantes de la réflexivité des personnes atteintes de pathologies chroniques : Focus sur la prise en charge hospitalière.
L’augmentation de la prévalence des pathologies chroniques dans le monde a modifié les prises en charge et la place des patients. La maladie chronique est reconnue comme une opportunité d’apprentissage pour la personne qui en souffre et pour son entourage. Le monde de la santé est en mutation accélérée, notamment avec l’avènement de la démocratie sanitaire qui place le patient (et ses proches) en tant qu’acteur(s) en santé, ce qui entraine un changement de paradigme dans la relation soignant-soigné. Dans ce contexte, ce travail de thèse veut contribuer à mieux comprendre ce qu’il en est-il réellement de la place du patient dans la co-construction de sa prise en charge hospitalière avec les soignants. Plus précisément, il s’attachera à approfondir la question de la perception ont les soignants de la réflexivité des Personnes Atteintes de Pathologies Chroniques (PAPC).
Une méthode générale inductive mixte inspirée en partie des principes de la théorie ancrée a été employée. Elle est composée de trois phases d’investigation. Une phase exploratoire avec des entretiens d’explicitation auprès de Personnes Atteintes de Pathologies Chroniques. Puis, une phase d’investigation principale par questionnaire en ligne auprès de professionnels de santé paramédicaux et enfin une phase d’approfondissement auprès de professionnels de santé a été réalisée afin de consolider les résultats obtenus lors de l’enquête principale. Il en ressort que les PAPC sont bien réflexives, et que malgré cela elles ne disposent pas de l’espace pour être réellement acteurs de leur prise en charge. Quant aux investigations auprès des soignants, elles ont permis entre autres d’identifier qu’il existe différents profils soignants qui influencent leur perception et posture au regard de la réflexivité des PAPC. Un des éléments qui expliquerait cette disparité de perception de la réflexivité des PAPC chez les soignants serait leur engagement personnel vis-à-vis de l’éthique.
Magali MACIA
Equipe Cref-ApForD
Direction : Sandra ENLART
Perceptions croisées du processus de professionnalisation du parcours d’apprentissage dans un contexte organisationnel mouvant : Analyse d’un dispositif d’entrée sur le métier de Technicien d’Intervention Polyvalent »
Ce travail de recherche vise à comparer les perceptions du processus de professionnalisation construites par les différents acteurs dans le cadre d’un dispositif de formation obligatoire à l’exercice du métier et à identifier comment ces perceptions influent les parcours d’apprentissage.
Du point de vue de l’institution, la professionnalisation est la manifestation des enjeux de l’entreprise, en particulier au travers de son offre de formation. Du point de vue des acteurs, la professionnalisation recouvre un double niveau de perception, la perception du projet institutionnel au travers des dispositifs de formation et celle du processus de développement professionnel au travers des parcours d’apprentissage.
Or l’entreprise semble considérer les termes de « dispositif » et de « parcours » comme équivalents pour désigner à la fois le système contribuant à la professionnalisation des personnes et le processus en lui-même. Travailler sur ce qui les distingue nous permet d’aborder la question de l’impact des évolutions du contexte organisationnel de ces dernières années sur le système de formation et de conserver la primauté au point de vue des acteurs qui expérimentent le dispositif. Il s’agit donc de confronter le discours de l’entreprise sur la professionnalisation à la façon dont les apprenants et les formateurs réagissent, à la fois en fonction de ce qu’ils perçoivent du dispositif de formation proposé et de la manière dont il s’intègre dans les parcours subjectifs d’apprentissage. En quoi les perceptions de ces acteurs évoluent, se rejoignent ou se différencient-elles selon leur positionnement vis-à-vis du projet institutionnel pour apprendre le métier ? L’observation des pratiques des acteurs constitue notre porte d’entrée pour interroger la construction des perceptions des parcours d’apprentissage dans un contexte mouvant.
Pierre RICONO
Equipe Cirel-Trigone,
Direction : Olivier LAS-VERGNAS avec Jean HEUTTE
Attitudes des malades du cancer : effet du recours ou du non-recours aux médecines alternatives et complémentaires sur leur marge de manœuvre
Cette communication montre que les possibilités d’action de patients malades du cancer, en complément du traitement conventionnel déterminent des attitudes vis-à-vis de leurs soins. Elles font appel ou pas aux Médecines Alternatives et Complémentaires.
Les analyses des 50 entretiens passés à l’hôpital Saint Joseph à Paris sont déployées dans une démarche de recherche de théorie ancrée. Quatre attitudes apparaissent : les fatalistes, les allégeants à la bio médecine, les agentifs et les combatifs. Elles sont corrélées aux croyances, sources d’information et au genre. Les femmes cherchent à donner plus de sens à leur vécu, se documentent vers la voie salutogénique. Elles n’acceptent pas aveuglement le traitement conventionnel, elles recourent davantage aux MAC. Les hommes sont plus passifs et attentistes. Ils s’informent moins, se désintéressent d’agir de leur côté. Ils restent de bons patients obéissants croyants à fond dans la biomédecine. Il n’est pas question pour eux de pluralisme médical. Le recours aux MAC élargit la marge de manoeuvre des malades. Il joue sur leur moral pour faire face aux effets secondaires du traitement. Il renforce le sentiment de contrôle sur l’évolution de leur maladie en favorisant l’implication. La personne s’investit pour mieux comprendre les mécanismes à l’oeuvre dans son état de santé. Actrice du choix de ses soins complémentaires, elle sera encline à poursuivre ses actions malgré les difficultés rencontrées et faire face aux défis de la maladie.
Rachid MARGOUM
Equipe Cref-ApForD
Direction : Sandra ENLART
Enquête sur le rapport entre réflexivité et évolution des cadres interprétatifs en situation professionnelle : cas des sujets en formation dans le supérieur
Dans le sens courant la formation s’identifie à l’acquisition des savoirs théoriques, censés être appliqués dans le cadre d’une pratique professionnelle. Or, ce modèle qui peut être qualifié “d’applicationniste” ignore les implications profondes des activités des sujets dans le processus d’aller-retour entre les pratiques professionnelles et le monde académique, en particulier, celles qui relèvent de la réflexivité des sujets sur leurs propres activités, notamment dans le cadre des mémoires professionnel et de recherche. C’est à cette problématique que ce travail s’attelle en se fondant sur une idée essentielle : les cadres interprétatifs connaissent eux-mêmes des transformations à travers le processus de formation. L’articulation entre la pensée et l’action se trouvent ainsi au coeur de ce processus. Pour caractériser ces transformations, structurées par une double activité : réflexivité et interprétation, il est fait appel à des choix épistémologiques et théoriques (le pragmatisme, phénoménologie-herméneutique) et à la méthodologie qualitative (études de cas).
Les résultats, établis sur la base de l’analyse des cas d’étudiant(e)s ayant suivis les formations des deux Masters professionnels (Conduite des Organisations et des Dispositifs d’insertion et de Reclassement / Management des Ressources Humaines) et le Master recherche : formation des adultes, font apparaître une distinction très claire entre deux types de configurations du changement des cadres interprétatifs. D’un côté, le changement sur le mode de la focalisation, de l’autre, le changement par élargissement.
Stéphanie MOUSSA
Equipe CREF-ApForD
Direction : Olivier LAS-VERGNAS
Réflexivité des personnes atteintes de maladies ou des crises aigues : épisodes apprenants, entre allégeance et agentivité
Le patient semble être devenu un partenaire de soins avec lequel il faut désormais compter. Et, s’il semble donc inévitable de prendre en considération le patient comme étant réflexif dans sa prise en soins, il est également nécessaire de prendre en compte, comme le met en avant Psiuk (2019), le « raisonnement clinique partagé ». Ce changement de posture du patient s’impose aujourd’hui dans notre système de santé. Apparaissent des associations soutenues par l’opinion publique, se développent des pratiques telles que l’éducation thérapeutique du patient, s’affirme le droit du patient qui s’inscrit dans la loi. Le patient devient représentant des usagers, affirmant le droit de l’usager du système de santé en tant que tel, formateur, pairs aidants, expert… Le patient devient un acteur à part entière, conscient des contraintes imposées par sa maladie et par le système et capable de faire des choix et de prendre des décisions pour se maintenir en « santé » (Par santé, nous sous entendons la définition apportée par la Conférence internationale sur la Santé à New York lors du préambule de l’OMS en 1946 « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »). Si cette réflexivité du patient ne fait aucun doute dans les maladies chroniques puisqu’elles s’inscrivent « dans la durée et entrainent des remaniements plus ou moins importants dans les habitudes de vie de la personnes » (Do, Bissières, 2018), qu’en est-il des patients atteints de crises ou de pathologies aigues ? (…) Dans quelle mesure peut-on parler d’activités réflexives pour les patients qui sortent de soins aigus et le cas échéant qu’elle est la nature et l’objet de ces activités ? Si les savoirs expérientiels de la maladie chronique jouent un rôle important dans le développement de la compétence réflexive des patients, est-ce que l’expérience de la maladie aigue ou de la crise aigüe peut alimenter la construction de connaissances et de compétences réflexives ? (…)
Nous proposons de nous entretenir avec des patients en situations post crise aigüe, dans 3 domaines différents (1) La situation aigue ne laisse pas de trace visible et ne laisse pas de place à l’incertitude. Le diagnostic est posé, le traitement est débuté suite à un infarctus (2) La situation aigue ne laisse pas de trace visible mais laisse place à l’incertitude en termes de diagnostic ou de pronostic suite à un AVC (3) La situation aigue laisse une trace visible (suite à une brûlure grave).
Pour cela, nos entretiens seront orientés vers des patients sortants de réanimation grands brulés, de réanimation neurologique ou unité des soins intensifs de cardiologie.
Karine SAUTEREAU
Equipe Cref-ApForD, thèse CIFRE au Centre-Inffo
Direction : Sandra ENLART
Le développement des “process d’action” favorisant la transition écologique au sein des organisations. Intérêt des méthodes participatives sur les processus d’apprentissage.
La nécessité d’engager les pays dans une transition écologique (TE) ou le développement durable fait désormais consensus et s’inscrit à l’agenda des politiques publiques. Mais sa mise en oeuvre fait débat, les intérêts et les acteurs étant différents, parfois antinomiques. Le sujet de la transition écologique n’est pas un sujet comme les autres. Les changements particuliers de paradigme et de comportements qu’appelle la transition écologique, la nécessité de renouveler les normes sociales et les valeurs, ainsi que l’urgence de la situation constituent quatre caractéristiques distinguant la transition écologique de tout autre sujet. La formation professionnelle semble l’un des leviers clés pour accompagner cette transition écologique. Cependant, en a-t-elle les moyens, au vu des limites de l’ingénierie d’un dispositif de formation “classique” ? Afin de faciliter la transition écologique, les acteurs de la formation se sont focalisés sur l’identification des compétences à développer, alors que le Céreq observe plutôt l’évolution de « process d’action ». Ces « process d’action » semblent se construire à travers des apprentissages sur le terrain et dans les interactions humaines, en d’autres termes, au travers d’expérimentations co-construites. Les acteurs de la formation savent-ils accompagner le développement de ces « process d’action » ? En conséquence, nous proposons d’analyser les processus d’apprentissage mis en oeuvre lors du développement de ces « process d’action ». Nous émettons l’hypothèse que la coconstruction, la « socioformation » et la maîtrise d’usage favoriseraient le développement de ces « process d’action » dans le contexte particulier de la TE.