Au cas où cela vous aurait échappé, nous rappelons ici la récente parution du numéro 43 de la revue Savoirs sur les communautés d’apprentissage.

 

Ce numéro paru en juin dernier comprend notamment une note de synthèse, des comptes rendus de lecture, et plus encore. Vous y trouverez notamment la contribution de notre ami et collègue Denis Cristol.

En voici le sommaire et l’éditorial :

Éditorial

Note de synthèse – Research Review

Denis Cristol, Les communautés d’apprentissage : apprendre ensemble – Learning Communities : Learning Together.

Articles de recherche – Research Article

Katel Bellegarde, Modèle interactif de l’insertion et littéracie professionnelle restreinte. Le contexte de l’insertion par l’activité économique – Interactive Model of Inclusion and “Restricted’’ Professional Literacy. The Context of Active Inclusion.

Comptes-rendus de lecture – Reading Reviews

Hervé adami et Virginie andré (2015). De l’idéologie monolingue à la doxa plurilingue : regards pluridisciplinaires
Arlette Boulogne (2016). Des livres pour éduquer les citoyens. Jean Macé et les bibliothèques populaires (1860-1881).
David Weil (2014). The Fissured Workplace. Why Work Became so Bad for so Many and What Can Be Done to Improve it ?

Vie de la recherche – Life in the Research Field

n° 3 – Travaux de recherche accessibles via l’archive ouverte de référence

HAL (mars 2017)
The Research Papers Available via the HAL Open Archive (march 2017)

Éditorial

« Apprendre ensemble »… Signe paradoxal de nos sociétés « postmodernes » aux dimensions souvent individualisantes, voire égotiques : d’innombrables initiatives collectives, réseaux, rencontres, groupes, communautés de pratiques semblent surgir de multiples parts du tissu social pour favoriser l’échange de savoirs, le partage d’expériences, la mutualisation des énergies cognitives. Depuis les tentatives de débat populaire de Nuit Debout jusqu’aux pépinières de startups et aux hackathons, le thème des communautés d’apprentissage se développe à la mesure de l’expansion des médias digitaux, dans l’entreprise et la vie citoyenne. Des colloques prennent cette problématique pour thème, à travers une pluralité d’approches disciplinaires. La présente note de synthèse de Denis Cristol, par ailleurs auteur d’un ouvrage récent sur ces thèmes, vient à point pour saisir certaines des ombres et lumières d’un ensemble de pratiques sociales certes anciennes, mais désormais bien inscrites dans les structures d’une société de l’information souvent qualifiée, à tort ou à raison, d’« apprenante ».
La note souligne, par un détour historique éclairant, la portée politique de ces mouvements collectifs qui traversent groupes, institutions et sociétés globales. Leurs sources les plus récentes sont détectées dans l’épopée des utopies sociales du XIXe siècle et leurs manifestations contemporaines sont largement saisies dans l’essor des réseaux sociaux. L’analyse des dimensions épistémiques, économiques et politiques des communautés laisse entrevoir une première ébauche de catégorisation. L’ambiguïté fondatrice de ces manifestations est soulignée selon leurs origines, qu’elles soient « endogènes » et suivant une logique bottom-up ou bien proposées (si ce n’est imposées) par des formes plus ou moins subtiles d’invitation top-down. Faut-il penser empowerment ou auto-organisation ? Peut-on, finalement, créer une communauté d’apprentissage par décret ? Quand peut-on, dès lors, parler de « communauté » d’apprentissage ? Quand un groupe manifeste une agentivité collective porteuse d’un engagement pro-actif de chacun de ses membres, ou quand il partage une dimension identitaire porteuse d’offres « exogènes » auxquelles il pourra adhérer, faire allégeance ou rester indifférent ? L’expérience en demi-teinte des « communautés d’apprentissage » dans les organisations pourra ici être analysée plus finement qu’à travers les trop rares évaluations disponibles ou les commentaires optimistes qu’en font leurs promoteurs.

Dans les pages qui suivent la note, Kattell Bellegarde nous livre, dans un article de tonalité iconoclaste, les résultats de sa recherche sur les parcours à « double vocation », visant simultanément le développement de compétences (ici, la maîtrise de la langue écrite) et l’insertion professionnelle par l’activité en milieu économique. L’auteure aboutit à un résultat contre- intuitif, posant l’hypothèse selon laquelle cette double finalité, par défaut d’ajustement des objectifs, peut limiter les usages de la compétence visée. À suivre…

Olivier Las Vergnas, quant à lui, poursuit sa plongée dans les eaux pro-fondes de l’analyse bibliométrique et lexicale des recherches sur l’éducation et la formation des adultes. Avec cette troisième livraison de la « Vie de la recherche » nouvelle formule, nous progressons ainsi dans la longue traversée en vue de l’émergence de « sciences de la formation », au cœur d’un univers pluridisciplinaire complexe dont la revue Savoirs, en association avec TransFormations, espère ainsi contribuer, par cette rubrique, à cerner les contours.

 

Bonne lecture et belles découvertes !